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Petite histoire de l’imprimerie

De la naissance de l’écriture à l’ère numérique
En 5000 ans, du berceau de la civilisation à l’explosion technologique ultra-récente dans l’histoire de l’humanité, on pourrait dire en souriant que nos modes de représentation n’ont pas évolués : nous représentions déjà, et nous représentons toujours, au moyen du système binaire… !

[ D’abord l’écriture ]

En effet, la première trace d’écriture remonte à 5000 ans, et elle fonctionnait déjà sur ce principe, grâce à la reproduction d’un symbole, placé soit verticalement soit horizontalement, et répété en plusieurs combinaisons. C’est l’écriture cunéïforme (du latin « cuneus » qui signifie « coin »), de nature pictographique, et qui a précédé de 1500 ans les premiers alphabets. Elle se composait de plusieurs centaines de signes, constitués de ces traits gravés sur des tablettes d’argiles, et qui avaient d’abord la forme de clous, avant d’avoir la forme de coins.

Sans doute inventée par les Sumériens dans le sud de la Mésopotamie, elle sera utilisée pour transcrire d’abord le sumérien, puis l’akkadien, le hittite et le perse. Le développement du commerce en est à l’origine si l’on en croit les milliers de textes sumériens retrouvés et déchiffrés traitant de sujets commerciaux, comptables et judiciaires plutôt que de sujets littéraires ou religieux.

Le système binaire, utilisé depuis longtemps aussi par les Chinois pour leur comptabilité, au moyen du fameux « boulier chinois », s’est largement développé et a trouvé toute sa puissance avec l’apparition de l’informatique.
De nos jours, une quantité incalculable de l’information, des archives ou même des créations n’existe plus qu’à travers une succession de 0 et de 1. Outre le gain de place, ce mode de stockage de l’information a permis un développement en terme de qualité et de rapidité, aussi bien dans la production que dans l’échange des données, et ce dans tous les domaines, industriels, commerciaux et même artistiques.

[ La reproduction ]

« Dès que l’imprimerie parut et permit de multiplier le mot et l’idée, dès qu’elle les fit pénétrer de plus en plus largement dans des masses qui vivaient encore abritées par leurs traditions sensibles, la "civilisation du livre", comme l’a déjà appelée Lucien Febvre, donna son plein. »

René Huyghe, Dialogue avec le visible, 1955, Éditions Flammarion, p. 29.

Bien que les technologies aient énormément évoluées depuis l’invention de l’imprimerie, il semblerait que nous ne soyons qu’aux prémices d’une ère nouvelle, alliant à la fois la performance professionnelle, la production en faibles quantités, et également aujourd’hui, la notion écologique. Il est enfin pensable d’éditer un livre à l’unité ou en quelques exemplaires seulement, à un coût abordable, même pour un particulier.

Les évolutions majeures des technologies numériques, tant dans les procédés de création que d’impression, rendent possible à présent la réalisation de tous supports de communication de grande qualité, en simplifiant les processus de fabrication et en diminuant fortement les coûts de production. Mais tout d’abord, rappelons les grandes lignes de l’apparition de quelques systèmes de reproductions inventés par l’Homme pour ses besoins de communiquer, échanger, partager.

[ La xylographie ]

Ancêtre des incunables, elle utilise une tablette de bois gravée, comme empreinte d’une image, pour la reproduire par estampage (ou impression). Apparue au IXe siècle en Chine, en Corée et au Japon, cette technique était utilisée pour reproduire et diffuser textes et images plus rapidement et moins cher que les exemplaires faits à la main par les moines copistes (entre 764 et 770, un million de textes bouddhiques furent imprimés en chinois sur l’ordre de l’impératrice Koken).
Cette technique fut aussi l’ancêtre de la typographie : en effet, certains graveurs travaillent à la ligne, le texte étant ainsi gravé en plusieurs blocs de une ou plusieurs lignes, ce qui facilite les modifications.

Les premiers caractères mobiles en terre cuite apparurent en Chine en 1040, tandis que les caractères métalliques auraient vu le jour en Corée vers 1234.
Le premier livre imprimé en Europe avec des caractères mobiles est la grammaire latine de Donatus en 1451 par Gutenberg.

[ L’imprimerie ]

Ce n’est donc pas Gutenberg le premier inventeur de la typographie moderne, avec ses caractères mobiles en plombs dont il eut l’idée en 1440, mais il amena une autre avancé néanmoins majeure : la presse à imprimer.

Il faut attendre 1884 pour que l’imprimerie connaisse une avancée révolutionnaire, grâce à Otto Mergenthaler et son invention de la linotype : machine permettant une saisie au clavier de chaque ligne de texte. Fini le registrage manuel des caractères mobiles si long et laborieux.

Dans les années 1940, on revient à l’idée d’une plaque reproduisant à la fois le texte et l’image. Cette plaque imprimante fixait l’encre aux endroits voulus par charge électrostatique ou par insolation. Cette technique est à l’origine des premiers photocopieurs et ouvre la voie à la conception des plaques offset.

[ La xérographie ]

Écrire à sec. Du grec « xeros » qui signifie « sec » et « graphein » qui signifie « écrire » ou « graver ».

L’ancêtre du photocopieur
Jusqu’en 1960, il fallait copier les documents à la main comme le faisaient les moines copistes au moyen-âge. Lassé de reproduire les brevets de la société dans laquelle il travaillait, Chester Carlson invente alors en 1938, avec le physicien Otto Kornei, la première photocopieuse par procédé d’impression éléctrostatique.
Son invention géniale ne trouvant pas tout de suite une reconnaissance, les premiers copieurs n’arrivèrent sur le marché qu’en 1949 et étaient encore très manuels jusqu’en 1959. Mais depuis le début des années 1960, la copie électrostatique s’est imposée comme un procédé standard de reproduction.

C’est une technique qui permet de reproduire à sec des documents sur n’importe quelle surface. Elle utilise des poudres qui remplacent les encres en venant les fixer là où une charge éléctrostatique a été neutralisée par la lumière. Dans un premier temps, un tambour d’image est chargé, puis l’image à copier y est projetée, de façon à ce que le rayon touche les zones à imprimer. Puis le Toner (poudre pigmentée très fine qui porte elle aussi une charge électrostatique, de même polarité que le tambour) est repoussé par les parties chargées de celui-ci et se pose sur les parties neutres de la surface.
Enfin, le papier est chargé avec la polarité inverse et attire le Toner sur sa surface qui est fixé durablement sur le papier en étant fondu par la chaleur et la pression.

Comme son nom l’indique, c’est un procédé sec, à la différence des autres procédés mouillés tels que la photographie ou l’offset. Destinée dans un premier temps à la reproduction de documents textuels, cette technologie est utilisée aujourd’hui pour la reproduction d’images.

[ L’imprimante laser ]

C’est une invention dérivée de la xérographie. En effet, le principe est similaire, sauf qu’il n’y a pas d’épreuve réelle dont on veut faire une copie, mais un fichier numérique, une image immatérielle, dont on veut obtenir un tirage original.
Les informations sont transmises à l’imprimante et converties en un ensemble de pixels. L’imprimante utilise ensuite ces informations binaires pour contrôler un laser qui organise des points à la surface du tambour.

Le laser éclaire les points qui devront être en noir. L’image à imprimer est en fait chargée négativement, tandis que les parties blanches de l’image sont chargées positivement. Donc le toner d’une imprimante laser doit être constitué de particules de charge positive pour qu’elles adhèrent au tambour aux bons endroits. Le toner est ensuite transféré sur le papier où il est cuit en passant dans le dispositif de fusion.

Les copieurs et les imprimantes couleurs à laser utilisent le même principe, le processus étant répété pour chaque couleur imprimée. L’image est d’abord séparé en ses quatre couleurs de base Cyan, Magenta, Jaune et Noir. Chacune des quatre sélections est projetée sur le tambour d’image et le Toner de la couleur correspondante est apprêté.

Pour vous garantir une qualité optimale, toutes nos imprimantes génération XXe siècle ne sont plus équipées de 4 tambours CMJN, mais d’un seul photorécepteur pour les quatre couleurs. Chacune de ces couleurs sont transférées simultanément sur le papier avant fusion.
Nos imprimantes couleur impriment dans un espace colorimétrique de référence CMJN, procurant un excellent rendu, ainsi qu’un calage extrêmement précis de ces couleurs tout au long du tirage.

[ La photogravure ]

Elle suit l’invention de la photographie au début du XIXe, avec la technique mise au point par Eugène Grasset et Charles Gillot, alliant la technique de la photographie et celle de la gravure. Ils fondèrent le premier atelier de photogravure en 1876.

Ce terme désignera par la suite l’ensemble des techniques nécessaires à l’obtention de la forme imprimante destinée aux différentes techniques d’impression, comme l’héliogravure ou l’offset : assemblage des éléments qui composent la page (images et textes) afin d’obtenir une image finalisée en haute définition. Après séparation des couleurs, on peut obtenir par « flashage » (le CTF), les quatre films tramés des quatre couleurs qui composent la quadrichromie (CMJN) ou bien un fichier numérique, destinés à l’imprimeur. Vient ensuite le CTP (Computer to Plate), graveur de plaques directement à partir du fichier numérique

[ L’offset ]

L’offset est un dérivé de la lithographie, sauf que la pierre est remplacée par une plaque de zinc, puis d’aluminium.

La photocomposition et le tirage offset amènent l’utilisation de l’informatique dans la composition au début des années 70, tandis que se « démocratise » la publication assistée par ordinateur (PAO) avec l’apparition, au début des années 80, des ordinateurs personnels qui permettent de tout traiter sur un même poste et à moindre coût : acquisition et retouche d’images, création de dessins vectoriels, mise en page, amalgame des textes et images…

[ Le numérique ]

Les presses numériques naissent de l’évolution des photocopieurs : le système classique a été remplacé par des systèmes de transfert d’image du type photocopieurs, permettant alors des tirages instantanés et fidèles du document d’entrée (fichier, épreuve…).
Aujourd’hui, l’impression numérique offre une très grande diversité de réalisations sur différents supports et apporte une solution haute définition et peu coûteuse pour des petites séries.

Écrit en 2008 par Karen Lavot-Bouscarle pour Espace Repro.
Sources :
> Université Laval (Québec)
> Wikipédia